Autre pays, d’autres coutumes – ça se comprend. Autre pays, d’autres prix – c’est tout aussi logique. Le niveau de confort, les conditions de vie, la manière de gérer son argent, toutes ces choses seront différentes de ce qu’on a l’habitude de faire chez nous.
Pour nous autres en Occident, quand on dit « les autres », on entend des gens plus pauvres que nous. Ces « autres » vivent en dessous de la ligne officielle de subsistance et leur situation est pénible. Mais vu sous un autre angle, cela veut dire que nous sommes plus riches qu’eux, nous vivons dans un luxe inimaginable et nous considérons comme indispensables des choses que eux, ces autres, n’imaginent même pas posséder un jour.
Pour nous personnellement, il y a des conséquences auxquelles nous devons nous habituer. Nous qui vivons à l’étranger, on nous considère peut-être comme sous-privilégiés dans notre pays d’origine ; mais dans le pays où nous travaillons, nous sommes des super riches qui peuvent se permettre n’importe quoi, faire les courses quand bon leur semble et qui n’ont pas besoin de se préoccuper des prix affichés. Presque tout nous semble bon marché.
Deux exemples :
Le premier : nous cherchons un livre en librairie. Il s’agit d’un recueil de poèmes très recherché. Il est écrit dans une langue locale pour laquelle il n’existe pas d’alphabet officiel et contient aussi des traductions dans deux autres langues, dont le français et un lexique des termes les plus communs. En plus, ce livre est une édition spéciale. En gros, il s’agit d’un livre peu ordinaire. Quand le vendeur m’annonce le prix de deux euros, je suis tellement étonné que je n’en crois pas mes oreilles. Pourtant, c’est bien ça, il me confirme le prix plusieurs fois.
Deuxième exemple : chez le coiffeur, ma femme a payé trois euros et moi, je n’en ai payé qu’un !
Comment faire face à ces différences qui nous confrontent chaque jour ?
Il faut admettre que cela pourrait facilement devenir un problème beaucoup plus sérieux. En effet, en Afrique du Nord, presque tout le monde a accès aux chaînes de la télévision française. Les gens sont bien au courant de la richesse qui existe en Europe. Ils n’ignorent pas ces différences de niveau de vie. Ils voient de la publicité pour les marchandises les plus farfelues et supposent que les Européens les achètent. Nous, nous sommes coincés entre ces deux mondes et nous devons apprendre à exercer beaucoup de tact.
La situation est bien injuste mais nous ne pourrons pas la changer. Alors nous essayerons d’utiliser notre argent avec sagesse. Les principes suivants nous ont été utiles :
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Nous sommes reconnaissants pour l’argent que nous possédons même si nous n’avons pas toujours l’impression d’être particulièrement aisés – et nous nous rappelons qu’il y a des gens pauvres en Europe aussi.
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Nous demanderons à nos amis autochtones de nous dire comment nous devrions nous tenir et ce qu’ils attendent de nous.
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Si quelqu’un nous demande de l’aide, nous lui poserons des questions, chercherons à comprendre la situation exacte et lui donnerons probablement quelque chose, mais jamais autant qu’il nous a demandé.
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Nous ne voulons jamais oublier que même si la situation économique en Europe n’est pas des plus encourageantes et que beaucoup d’Européens se plaignent et parlent d’une crise, nos pays occidentaux sont parmi les plus riches du monde. 80% de la population mondiale habite des pays comme le Pérou, la Tanzanie, l’Inde, le Vietnam – et l’Afrique du Nord. Ces gens-là ne se plaindront jamais concernant l’aide sociale… car elle n’existe pas ! C’est nous l’exception, et non pas les « autres ».
[Mike, un ami de Arne, a vécu en Algérie durant près de deux ans de 2010 à 2011. A l’époque, il a écrit ses observations sur la culture et la langue, qu’il a ensuite partagé avec ses amis. Il nous a permis de publier ici certains de ses articles.]