En Algérie, comme dans tous les pays arabes, c’est l’arabe standard qui est la langue nationale officielle. En outre, on y parle beaucoup d’autres dialectes, ceux de la langue arabe, ainsi que plusieurs langues berbères. En Algérie, on estime qu’il y a au moins une quinzaine de groupes minoritaires Berbères, mais personne ne sait exactement combien.
Environ 30 personnes vivent là où nous logeons actuellement. La plupart d’entre eux appartient au plus grand groupe ethnique, les Kabyles. Il y a une certaine tension dans leurs relations avec les locuteurs de l’arabe algérien, dont certains sont leurs voisins d’à côté.
La Tour de Babel ?
Le français est la langue la plus utilisée pour l’éducation et la science, la plupart des gens qui vivent ici parlent aussi le français. De nombreux Kabyles comprennent assez bien le français, mais pas tous. Certaines femmes d’un certain âge ne parlent que leur propre langue. Il y a aussi quelques locuteurs de l’arabe algérien qui connaissent très peu le français. Le résultat est que, dans un groupe, peu importe qui parle, il doit toujours y avoir quelqu’un pour traduire ce que dit un autre.
Le fait que nous qui ne parlons que français soyons présents ne rend pas nécessairement les choses plus compliquées. Plusieurs personnes nous chuchotent leurs traductions alors que nous conversons.
Nous admirons la facilité avec laquelle certaines personnes traduisent d’une langue à l’autre. Les présentations, qui se font généralement en kabyle, sont rapidement traduites en arabe algérien – et pour nous, en français. Étant donné que les Kabyles souvent utiliser des emprunts de mots français pour exprimer de nombreux concepts, nous comprenons souvent des phrases entières, ou au moins l’essentiel, même sans traduction.
Lorsqu’on leur pose la question, on nous répond que ce chaos de langues est bien normal. On nous explique même que certaines personnes âgées ne parlent que le français, ayant grand avec. La connaissance qu’ont les gens du français dépend essentiellement du nombre d’amis ou de parents vivants en France. D’ailleurs, ils ont souvent un accent prononcé et cela demande un certain temps pour s’y habituer.
Pour les «scientifiques» parmi vous, les compétences linguistiques des personnes que nous avons rencontrées jusqu’ici sont les suivantes:
- Arabe algérien uniquement
- Berbère uniquement
- Arabe algérien et français, ce dernier à des niveaux différents
- Berbère et quelques rudiments de français
- Arabe algérien, berbère et français (surtout les hommes du groupe minoritaire)
Nous avons entendu dire que cette liste n’est pas exhaustive.
En résumé, nous pouvons dire que pour chaque langue il y a des locuteurs qui ne connaissent que cette langue, puis il y a toutes les autres combinaisons possibles de compétences linguistiques. Ce ‘chaos de langue’ rappelle la Tour de Babel.
[Mike, un ami de Arne, a vécu en Algérie durant près de deux ans de 2010 à 2011. A l’époque, il a écrit ses observations sur la culture et la langue, qu’il a ensuite partagé avec ses amis. Il nous a permis de publier ici certains de ses articles.]