Dans la partie 1 nous avons parlé des points positifs de Rosetta Stone, mais quelles sont ses limites et ses inconvénients?
1. Rosetta Stone ne permet pas de pratiquer la langue de façon naturelle. La méthode a l’avantage de mettre l’accent sur l’écoute en tant que fondement de l’apprentissage, tout en ayant le désavantage d’ignorer l’importance de l’expression orale, tout aussi essentielle à un bon apprentissage.
Bien entendu, on y trouve une certaine forme d’expression orale, mais les occasions sont rares et sans aucun retour possible sur notre production ; ce ne sont en fait que des répétitions de mots ou phrases descriptives. Pour faire des progrès, il faut de nombreuses occasions de pratiquer la langue, de manière spontanée (sans préparation préalable) avec un retour immédiat afin de pouvoir entendre la version corrigée avec l’accent correct de ce que l’on vient d’exprimer. Rosetta Stone ne répond pas du tout à ces exigences d’apprentissage.
On comprend bien évidemment pourquoi : un logiciel ne peut pas techniquement répondre à de telles exigences ! Il est important donc de se rappeler jusqu’où un logiciel peut aider à l’apprentissage et où sont ses limites. L’interaction et les conversations dans la vie de tous les jours sont tout aussi essentielles pour bien apprendre une langue.
2. Ne vous leurrez pas… si vous avez fini les 3 niveaux, cela ne veut pas dire pour autant que vous parlez couramment la langue et que vous avez acquis une large proportion de vocabulaire utile! Les publicités commerciales essayent de vous faire croire que vous pouvez parler une langue couramment en quelques mois d’apprentissage assidu. Et pourtant… chaque langue est un ‘océan’ – image utilisée dans la langue arabe – et ne peut être maîtrisée en l’espace de quelques leçons.
Le fait de proposer à ses utilisateurs 3 niveaux différents tend à laisser croire qu’on arrive à un niveau avancé de maîtrise de la langue après avoir ‘tout terminé’, alors qu’en réalité, des milliers de mots doivent être assimilés et employés instinctivement de la bonne façon, en contexte, avant de se sentir oralement à l’aise dans une langue.
Rosetta Stone n’expose pas à suffisamment de vocabulaire. Cette méthode permet de bien débuter l’apprentissage mais une fois les trois niveaux complétés, vous ne faites que commencer !
3. Comme mentionné précédemment, Rosetta Stone ne permet pas d’interaction naturelle. Les langues ne sont pas simplement un amas de mots et d’informations qu’il appartient d’assimiler et de mémoriser, comme pour les mathématiques ou la chimie.
Elles sont l’expression de notre façon de vivre, de comprendre ce qui se passe autour de nous ; par elles, nous communiquons et nous nous exprimons. Ainsi, même si nous commençons par écouter la langue, il est essentiel ensuite de passer à l’étape de l’expression orale, d’une mise en contexte, avec des situations réelles face à des locuteurs de la langue.
Sans cela, la langue apprise ne sera qu’un amas d’informations acquises passivement, plutôt qu’un moyen de communiquer dans la vie de tous les jours. C’est pourquoi Rosetta Stone, ou toute autre méthode d’apprentissage disponible sur le marché, sera toujours limitée dans ses résultats.
4. De plus, Rosetta Stone met souvent l’accent sur des points de grammaires trop tôt dans ses leçons. Personnellement, je ne vois pas l’avantage de mettre l’accent sur ce qui semble être des détails, parfois même avant d’avoir atteint une centaine de nouveaux mots de vocabulaire.
Certes, cela n’arrive pas trop souvent et c’est sans gravité, mais on a tout de même parfois l’impression que la méthode met la charrue avant les bœufs.
5. Enfin, la méthode ne permet pas de manipuler virtuellement les images, même si techniquement, cela pourrait être facilement corrigé à l’heure actuelle. En effet, il n’y a pas la possibilité de moduler les images, hormis de cliquer dessus lorsqu’on croit reconnaître sa description orale.
Par exemple, si vous entendez ‘Le garçon saute par-dessus la chaise’, vous devez cliquer sur l’image où vous voyez le garçon sauter par-dessus la chaise. Vous démontrez ainsi que vous avez compris la description de l’image mais la compréhension demeure passive, se limitant à un clic.
Les choix d’images sont très limités et peut être n’avez-vous pas compris toute la phrase dans son ensemble, simplement un mot important ou une bribe. Imaginez par contre qu’il y ait sur la page 20 petites photos d’objets ou décrivant une action, et que vous puissiez manipuler les images pour démontrer votre compréhension des descriptions données.
Par exemple, si la voix dit: ‘le garçon saute par-dessus la chaise’, vous pourriez cliquer sur le garçon près de la chaise et le faire sauter par-dessus la chaise. Au lieu de cliquer passivement la bonne image, cela demanderait une plus grande action de votre part et impliquerait plus d’écoute et de compréhension de la phrase dans son ensemble.
Pour conclure, Rosetta Stone peut vous mettre sur la bonne voie et permettre un fondement non négligeable dans le domaine de la compréhension orale de la langue. Elle sera très utile pour vous aider à comprendre et retenir certaines phrases de la vie courante. Après avoir complété la méthode, vous pourrez développer votre vocabulaire et améliorer votre expression orale.
Souvenez-vous que cette méthode est là pour vous ‘mettre dans le bain’ de l’apprentissage d’une langue. Je recommande Rosetta Stone par exemple comme outil d’apprentissage avant de se rendre dans un pays dont il faut apprendre la langue, ou comme méthode supplémentaire (et non principale) pour ceux qui sont en cours d’apprentissage. Elle permet de bien démarrer, et d’arriver jusqu’à un certain point. Vous bénéficierez d’une compréhension basique de la langue, sans pour autant pouvoir la parler couramment.
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