Aujourd’hui, notre histoire vient de Scandinavie. La Scandinavie, la Suède, la Norvège et le Danemark… Comme ces pays sont éloignés de la Tunisie ! Plus que l’Italie, la France, la Suisse, la Belgique, l’Allemagne ou les Pays-Bas… Pourtant, les contes se ressemblent. Ce conte, par exemple, est très similaire aux contes de Juha.
Il était une fois un fermier. Un jour, alors qu’il labourait la terre dans le verger de son maître, la charrue se coinça dans un pot en argile. Il creusa un peu plus pour le retirer. Le pot était plâtré sur le dessus. Il l’ouvrit et le trouva plein de pièces d’or. Il paniqua et commença à regarder à gauche et à droite pour voir s’il y avait quelqu’un dans les alentours. Il le remit dans le trou et le recouvrit de terre et continua à labourer comme si de rien ne s’était passé.
Le soir venu, il le déterra, le plaça sur sa mule et rentra chez lui.
Avant d’entrer dans la maison, il creusa un trou quelque part sous le mur et y enterra le pot. Il décida de ne rien dire à personne. « C’est une bénédiction de Dieu et les gens à qui ce trésor appartient sont morts » pensa-t-il, mais il craignait que quelqu’un ne lui prenne le trésor s’ils le savaient, il garda alors la bouche fermée pour le moment.
Cependant, il ne pouvait pas le cacher à sa femme qui lui était très chère.
Il lui dit :
« Nous sommes devenus riches ! J’ai trouvé un pot plein de pièces d’or pendant que je labourais la terre dans le verger. Mais ne le dis à personne ! Au bout de deux ou trois mois nous irons dans une autre ville où personne ne nous connaît. »
Cependant, les femmes adorent bavarder et ne peuvent s’empêcher de parler et de tout partager. Le lendemain matin, elle alla voir son voisin et a lui dit :
« Vous n’avez pas entendu ? »
« Non ! Qu’est-ce que c’est ? »
« Mon mari a trouvé un trésor dans le verger de son maître. Mais ne le dis à personne ! »
Une voisine le dit à une autre jusqu’ à ce que les nouvelles parvinrent au maître lui-même.
Il monta sur son cheval en direction de la maison du fermier. Il n’y trouva que sa femme.
Il lui demanda :
« Qu’est-ce que ce trésor dont j’entends parler partout ? »
« Mon mari a trouvé un pot plein de pièces d’or alors qu’il labourait la terre dans le verger. Il l’a caché et m’a demandé de ne le dire à personne. S’il vous plaît, ne dites rien. »
« Bien. Où l’a-t-il caché ? »
« Je ne sais pas, il ne me l’a pas dit. »
La nuit, le fermier rentra du labourage.
« Ton maître est venu et m’a posé des questions sur le trésor. Je ne pouvais pas mentir et lui ai dit que tu avais trouvé un pot de pièces d’or. »
« Bien. Ce qui est fait est fait. »
Il dîna et s’endormit.
Il continua à penser toute la nuit. Il se réveilla à l’aube, sortit le pot et le jeta sur sa charrette. Il réveilla sa femme et lui dit :
« Nous sommes maintenant riches. Nous devrions aller passer une journée en ville. »
Ils conduisirent leur charrette jusqu’à la ville. Il laissa sa femme dans la charrette et alla enterrer le pot dans un autre endroit après en avoir pris une pièce d’or.
Il l’emmena dans un bon restaurant, dépensa cette pièce et demanda au serveur de leur apporter la meilleure nourriture qu’ils avaient.
Ils leur apportèrent de la nourriture dont ils n’avaient jamais entendu parler et du vin de la meilleure qualité. La femme mangea et but jusqu’à ce qu’elle fût rassasiée.
Il prit un morceau de pain sur la table et le mit dans la musette mangeoire du mulet. Ils montèrent sur la charrette et la femme commença à s’endormir au rythme doux de la charrette. Pendant qu’elle dormait, l’homme coupa ce morceau de pain en petits morceaux. Elle dormit environ un quart d’heure. Puis, il commença à jeter ces morceaux de pain sur le visage de sa femme. Elle se réveilla, paniquée. Elle trouva les morceaux de pain sur son visage et se rendormit rapidement. Il jeta un autre morceau, elle se réveilla et dit :
« Qu’est-ce que c’était ? »
« Ce n’est rien, il pleut du pain. Rendors. »
Ils arrivèrent à la propriété du maître et passèrent devant l’écurie. C’était la nuit, ils entendirent un âne hurler. La femme se réveilla à nouveau :
« Qu’est-ce que c’était ? »
« Je ne voulais pas te le dire l’autre jour. Mais mon maître avait emprunté de l’argent à Satan et il ne l’a pas remboursé. Donc, Satan vient à lui tous les soirs et le bat jusqu’à ce qu’il commence à crier. »
La femme était étourdie à cause du sommeil et de la consommation d’alcool, elle ne pouvait pas faire la distinction entre les hurlements d’un âne et les cris d’un être humain.
Une fois arrivés chez le maître, il demanda à sa femme d’aller se cacher au sous-sol.
« Que se passe-t-il ? » demanda la femme.
« Je ne voulais pas te le dire. J’ai entendu la nouvelle et je n’ai pas voulu te faire peur. Les troupes ennemies sont sur le point d’attaquer la ville. Tu devrais aller te cacher et verrouiller la porte. Je vais charger le fusil et monter sur le toit voir ce que je peux faire. »
Elle partit se cacher, verrouilla la porte et s’endormit. Le fermier commença à tirer du fusil en l’air et à jeter des pierres sur le toit. Toute la nuit, il se rua çà et là sur le toit.
À l’aube, il frappa à sa porte et dit :
« Hourra ! J’en ai tué environ 200, ils ont abandonné et se sont enfuis en portant leurs morts. Nous avons survécu et sauvé notre ville ! »
« Je ne pouvais pas dormir, le bruit des armes n’a jamais cessé ! », s’exclama la femme.
Au lever du soleil, ils entendirent le galop d’un cheval. C’était son maître.
« Bonjour Monsieur… »
« Avant de dire quoi que ce soit – où est le trésor ? »
« Quel trésor ? »
« Celui que vous avez trouvé enterré dans mon verger. »
« Je ne sais rien d’un trésor. »
« Toi ! – dit le maître à la femme du fermier, – Ne m’as-tu pas dit que ton mari avait trouvé un pot plein de pièces d’or ? »
« Oui, mon mari m’a dit de ne le dire à personne mais j’avais peur de toi. »
« Je n’ai jamais entendu parler de cette affaire auparavant. Quand est-ce arrivé ? », déclara le fermier à sa femme d’une manière incrédule.
« C’était le jour où il pleuvait du pain », expliqua la femme.
« Quoi ? Il a plu quoi ? »
« Du pain. » répondit franchement la femme.
« C’était quand ? » demanda le maître, stupéfait.
« C’était la nuit où les troupes ennemies ont attaqué notre ville et mon mari les a vaincus et en a tué environ 200. »
« Qu’est-ce que c’est que cette absurdité ? Quand les troupes ennemies ont-elles attaqué la ville ? » dit le maître.
« N’était-ce pas la nuit où Satan est venu vous frapper et que vous avez commencé à brailler comme un âne ? »
« Oh, mon Dieu ! » éclata le maître, frustré.
« Prenez-vous au sérieux ce qu’elle dit ? Ne savez-vous pas qu’elle a perdu la tête ? » déclara le fermier.
Et donc, le maître est parti chez lui.
Deux ou trois mois plus tard, le fermier emballa ses affaires, monta sur la charrette avec sa femme et se rendit dans une autre ville où personne ne les connaissait. Il commença à dépenser de l’argent, à acheter des maisons et des magasins, devenant ainsi le maître des marchands.