Il était une fois un de marchand-trésorier qui avait trois fils. Une fois que ses fils étaient en âge de se marier, il dit à sa femme qu’il était temps de leur trouver des épouses.
« Réglons d’abord une question épineuse », déclara son épouse, « Il ne sera pas facile d’avoir des belles-filles dans la même maison. Il existe d’innombrables histoires de haine, de querelles, de manque de respect et de honte entre belles-mères et les belles-filles. Elles s’entendent comme chien et chat. Je suis femme fière. J’ai élevé mes fils jour et nuit ; ils sont la prunelle de mes yeux. Que Dieu les bénisse, une bonne semence fait une bonne récolte. Je ne voudrais jamais me battre avec leurs épouses et causer des problèmes dans leurs mariages. Il vaut mieux régler les choses à l’avance. Donnez-leur une maison à chacun et que Dieu bénisse les mariages. Il est parfois bon de tenir les gens à distance. »
« Ce que vous dites est juste. », reconnut l’homme.
Le vieillard commença à réparer, à peindre et à meubler les maisons. Chacun de ses fils se maria et s’installa dans sa propre maison et le marchand vivait heureux avec sa femme dans leur maison jusqu’au jour de sa mort.
La vieille femme vivait confortablement avec une servante grâce à l’argent que lui eut laissé son mari.
Après quatre ou cinq ans, ses fils, qui ne lui eurent pas rendu visite depuis leur mariage, commencèrent à lui manquer. Elle voulait également rendre visite à ses belles-filles, leur parler et passer quelques jours chez eux.
Elle informa son fils aîné, qui travaillait alors dans sa boutique, de sa prochaine visite.
Quand le jeune homme rentra à la maison, il eut oublié de dire à sa femme que sa mère allait venir.
Le lendemain matin, il partit pour la boutique, oubliant toujours de le lui dire. Il ne s’en souvint qu’après avoir ouvert la boutique. Il acheta des provisions, les donna à son employé et lui dit de les apporter à sa femme et de lui dire qu’aujourd’hui ils avaient un invité.
La femme commença à préparer à manger et à mettre la table.
À 11 heures, un fiacre arriva devant la maison et la femme entendit frapper à la porte.
Elle vit sa belle-mère descendre lentement du fiacre avec sa canne à la main et sa servante à ses côtés.
Soudain, un froncement de sourcils se vit au visage de la belle-fille.
« Comment peut-elle venir par un tel un jour ? », s’exclama la jeune femme, « Un jour où j’ai des invités importants ! »
« Bonjour ! Comment allez-vous ? », salua la jeune femme, « Ça fait un bail qu’on ne s’est pas vu!
Elle l’emmena dans le salon et ordonna à sa servante de lui préparer du café pendant qu’elle finissait de préparer le déjeuner.
À midi, le mari rentra, et se dirigea directement à la cuisine, comme d’habitude.
« Cela sent bon ! » dit-il.
« Alors, qu’est-ce qui se passe? Ta mère est là! »,
« C’est bien elle, n’est-ce pas, qui m’a mis au monde ? C’est bien elle qui m’a allaité ?»
« Son lait s’est séché il y a bien longtemps », déclara l’épouse.
« Nous devrions néanmoins être heureux de l’avoir chez nous! »
La vieille femme entendit toutes ces paroles. Immédiatement elle ordonna à son serviteur de préparer le fiacre pour son départ. Elle commença à mettre son sefseri qui était plié. Puis, son fils entra dans le salon :
« Bonjour, maman. Comment vas-tu ? Pourquoi remets-tu déjà ton sefseri ? »
« Je suis venu vous voir pour m’assurer que vous alliez bien. Je pars maintenant. »
Le jeune homme eut peur de sa femme et garda le silence.
Il accompagna sa mère au fiacre et lui fit ses adieux.
Quand la vieille femme fut rentrée à la maison, elle se dit :
« Je n’ai plus de fils. Il est mort pour moi. » Elle pleura et sanglota comme si elle pleurait vraiment sa mort.
Trois jours plus tard, elle prépara un bol de pâtes. Au coucher du soleil, elle dit à sa servante :
« Allez demander aux récitants du Coran dans le sanctuaire de Sidi Abd El Kader de venir. Je vais faire une cérémonie commémorative pour votre maître défunt. » En vérité, la vieille femme voulait cette cérémonie commémorative, non pas pour son mari, mais pour son fils.
Une semaine plus tard, elle informa son deuxième fils de sa visite. La même chose se produisit et la belle-fille prononca les mêmes paroles blessantes, sans aucune réaction de la part du fils. Depuis ce jour, elle le considéra, lui aussi, comme mort.
Une semaine ou deux plus tard, elle informa son troisième fils de sa visite.
À 11 heures, le fiacre arriva devant la maison. La vieille femme entra dans la maison avec sa servante. Dès que la belle-fille l’ait vue, des gouttes de sueur commencèrent à s’accumuler sur son front à cause de la colère. Cependant, elle l’accueillit avec réticence, lui prépara du café et se mit à préparer le déjeuner.
Le mari arriva et dit :
« Comme ça sent bon ! »
« Alors, qu’est-ce qui se passe? Ta mère est là! »,
« C’est bien elle, n’est-ce pas, qui m’a mis au monde ? C’est bien elle qui m’a allaité ?»
« Son lait s’est séché il y a bien longtemps », déclara l’épouse.
« Alors, tu ne passeras plus une nuit dans cette maison ! »
La vieille femme, entendant la dispute, courut vers eux et dit :
« Mon cher fils ! Qu’est-ce que tu dis ? Est-ce tout cela à cause de moi ? Je n’en serai pas la cause ! », s’écria la vieille en se maudissant.
« Tu ne seras plus ma femme ! Fais tes valises et va chez ton père ! », éclata l’homme.
La vieille femme se reprocha d’être venue et d’avoir causé un tel malheur.
« Mes deux autres fils qui préféraient leur femme à moi vivent maintenant heureux, et le fils qui m’a défendu et qui m’a été fidèle doit supporter un tel malheur ! Que dois-je faire maintenant ? », s’écria la femme.
Il y avait la fille de son beau-frère qui était en âge de se marier. Elle lui demanda sa main pour son fils et lui dit :
« Accrochez-vous fermement à votre mariage. Parlez sérieusement et ne restez jamais en colère contre votre bien-aimé. Renseignez-vous sur l’éducation de quelqu’un avant de l’épouser. Un cousin est toujours un bon candidat. Ce sont les paroles de nos ancêtres. »